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Littérature française

Peupler la colline, entre conte et cantine

Avec son troisième roman Peupler la colline, Cécilia Castelli, confirme qu’elle rejoint les plus jolies voix de la rentrée. Petite soeur en littérature de Monica Sabolo ou de Lola Lafon, on n’a pas fini d’entendre parler d’elle.

Cécilia Castelli, la voix de l’enfance. Pour les plus chanceux d’entre nous, qui avaient pu le lire, ce talent particulier était déjà bien présent dans son premier roman Mollusque. Cette fois, il est au centre du récit. L’imaginaire et le rêve peuple le récit. Pas de limite, de borne, de frontière. Il suffit de savoir nager dans l’insensé… Talent présent aussi dans la description à hauteur de petit homme des milles tracasseries enfantines, prémices d’un monde des grands ou la différence mène à l’indifférence. C’est donc cela déjà qui vous embarque, une bouffée de tendresse pour un petit bout d’homme, tout droit sorti de La guerre des boutons ou de Poil de carotte.

Citer n’est pas tromper ni spoiler:

« Romain observait la crotte de nez collée au bout de son index. Il ne comprenait pas d’où venait le plaisir qu’il ressentait ni pour quelle raison il était fier d’avoir recueilli cette chose singulière du fond de sa narine, mais il l’admirait, elle était assez grosse, alors il se mit à la rouler entre ses doigts. »

Peupler la Colline p. 9

2° Le fantastique toujours au bout de la plume. La nature n’est jamais un simple décor chez l’autrice mais le lieu de la magie, de l’enchantement, la troisième dimension. La marmite à création pour occuper un vide, combler un départ, ressusciter une disparition. La dernière bouée de sauvetage des passages obligatoires à l’âge supérieur. Tout peut y arriver à qui sait observer, y compris le déploiement tout particulier en sensualité et sensibilité de la poésie de Cécilia Castelli. Pas de mensonge chez elle, il n’ y a pas de mère nature si ce n’est pour y accueillir de monstrueuses engeances.

Les histoires à la mort-moineu d’une cours de récré peuvent très bien transformer le bout de ficelle en marabout, en un rien de temps. La colline de Crussol être peuplée pour qui sait la regarder. mais nous ne sommes jamais chez Walt Disney.

3°Dans la lignée de la littérature érudite, que l’on voit poindre ici ou là, c’est l’occasion pour l’écrivaine de s’appuyer sur ce qui est sans doute son panthéon littéraire, la poésie. L ‘ancienne prof de Français devient passeuse, citant l’oulipien Jacques Roubaud, le chantre de la liberté Eluard ou bien Fior Di Tomba, une chanson d’amour populaire italienne. J’aime quand les textes cachent d’autres textes à l’infini comme de petites matriochkas…

Mon conseil ? Se l’offrir sans tarder et à lire les yeux bien ouverts.

Peupler la colline- Cécilia Castelli-Editions Le Passage